Le Nouvel Automobiliste
LNA 1810 Renault Kadjar Interview 6

Renault Kadjar restylé : rencontre avec Olivier Tschanhenz et Henri Benoît

Suite à l’essai des nouveaux Renault Kadjar Intens TCe 140 BVM6 et Black Edition TCe 160 EDC, nous vous proposons l’interview de deux personnes clés du renouvellement du SUV de la gamme C de Renault : Olivier Tschanhenz, Directeur de gamme commercial adjoint en charge de Kadjar, et Henri Benoît, Chef de gamme Marketing de la gamme C.

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Olivier Tschanhenz, à gauche, et Henri Benoit, à droite

Le Nouvel Automobiliste : Bonjour Olivier Tschanhenz et bonjour Henri Benoît ! Nous allons commencer notre échange en s’attardant sur les détails modifiés du Renault Kadjar qui semblent plus nombreux qu’au premier regard. Modification des commandes des lève-vitre, écran GPS qui s’intègre mieux à la console : ce sont des retours clients qui ont guidé ces changements ou une volonté interne de se différencier encore plus de son cousin Nissan Qashqai ?

Olivier Tschanhenz : Clairement, ce sont les retours clients. Le positionnement de la console centrale est lié à l’architecture et à la base roulante que vous venez d’évoquer. Nous avons souhaité les faire évoluer pour amener une meilleure qualité perçue, avec un écran mieux intégré, affleurant. 

Nous en avons profité pour revoir le système, plus intuitif, et du coup c’est l’ensemble de la console qui a évolué, avec intégration des aérateurs et surtout, des commandes de climatisation sur la partie basse. Une plus grande qualité perçue et un meilleur confort, une meilleure ergonomie. C’est aussi le cas des lève-vitres impulsionnels de série dès le niveau Life. L’accoudoir central qui devient coulissant, des panneaux de portes redessinés pour laisser plus de clair de vitre, des porte-gobelets plus grands améliorent l’agrément des places avant. 

Globalement, l’harmonie intérieure est revue avec une plus grande uniformité de l’ensemble des matériaux, chrome et satiné, pour faire en sorte que le conducteur et ses passagers voient l’effort qui a été porté sur ces éléments : qualité perçue et confort à bord.

Ce qui est vrai pour le rang 1 l’est aussi pour le rang 2. Nous n’avons pas oublié les passagers arrière qui sont aussi nos clients. Revoir la console centrale nous a permis d’intégrer des aérateurs de climatisation pour un meilleur confort, mais aussi une meilleure connectivité avec 2 ports USB-A. 

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L.N.A. : Et c’est aussi dans les petits détails qui ne faisaient pas très Renault, notamment la trappe à carburant qui s’ouvre maintenant depuis l’extérieur, contrairement à la première génération qui avait une commande intérieure. Cela fait aussi partie des retours clients ?

O.T. : Oui, c’est tout un tas de petites corrections, on va dire comme ça, pour qu’un client familier de la gamme Renault retrouve plus son univers.

Henri Benoît : L’univers auquel sont habitués tous les clients qu’on avait déjà sur les renouvelants, et pour être davantage dans l’univers Renault pour ceux qui y accèdent.

L.N.A. : Et du coup, c’est quand même un investissement assez important, on suppose, qui ne se voit pas nécessairement au premier coup d’œil, puisque l’extérieur finalement l’évolution de style est mineure. C’est une adéquation de coûts ou c’était une volonté finalement d’avoir une ligne plutôt intemporelle et donc de minimiser les interventions ?

H.B. : Nous avons souhaité garder la ligne du Kadjar première génération puisqu’on avait un design qui plaisait. On a voulu l’affirmer un petit peu plus, c’est pour ça qu’on a changé les boucliers. Pour mieux l’asseoir, avoir un côté plus SUV : c’est vraiment ce que l’on a cherché à faire. Effectivement, nous n’avions pas pour ambition de changer tout le design de la voiture parce que dans nos enquêtes clients, le design de la voiture était apprécié.

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L.N.A. : Le passionné pourra s’étonner de ne pas retrouver les crosses des modèles plus récent. Est-ce lié aux retours clients ou une volonté de ne pas appliquer le C Shape format XL à toute la gamme ?

H.B. : Le C Shape est présent sur Renault Kadjar depuis son lancement, qui se retrouve aussi sur l’Espace. Nous avons donc 2 déclinaisons du C Shape aujourd’hui. Comme le Kadjar ou la version qui descend plus bas comme Renault Mégane. 

Mais là en l’occurrence, nous avons travaillé vraiment le bas du bouclier sans sortir puisque c’était une question de style et d’équilibre qu’on pourrait retrouver sur le véhicule.

L.N.A. : Autre élément de style extérieur, alors que vous souhaitiez le faire plus SUV, le fait d’avoir plus d’éléments peints, il fait pour nous moins SUV, moins 4×4 qu’avant.

O.T. : Certes, nous cherchions plus de modernité en conservant ses capacités off-road. Nous l’avons aussi plus intégré dans les codes de notre famille de SUV, entre Captur et Koléos. Il suffit de voir une photo de famille des trois, et l’homogénéité de l’ensemble est évident. La grille de calandre chromée qui est désormais déployée sur les 3 véhicules. Nous avons une gamme homogène et le Kadjar avait besoin d’avoir ce petit upgrade

Tout en gardant ce côté « baroudeur », nous avons augmenté les surfaces peintes de carrosserie notamment à l’arrière, les bas de boucliers avec des pièces grainées sont moins importantes, avec des skis moins proéminents. La volonté était d’étirer le véhicule visuellement en largeur, pour que Kadjar soit un peu plus moderne, statutaire et cohérent par rapport à la gamme des SUV au sein de Renault.

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L.N.A. : Renault Kadjar est un des rares SUV de son segment à proposer une vraie transmission intégrale. N’avez-vous pas réfléchi à le différencier visuellement des versions à 2 roues motrices, comme peut le faire Volkswagen sur son Tiguan ?

H.B. : Non, nous n’avons pas senti le besoin d’avoir un véhicule avec une finition qui pouvait s’appliquer avec une transmission intégrale. Nous nous sommes dit qu’effectivement autant profiter de la transmission intégrale, même si on ne va pas la retrouver sur toute la gamme, plutôt sur les versions Intens et Black Edition pour le marché français, c’était forcément sur du haut de gamme qu’on allait la retrouver mais pas forcément avoir un véhicule spécifique sur lequel il fallait vraiment travaillé tout le design avec, parce que le client, de ce que l’on a pu voir, avait une utilisation de son véhicule pas forcément que dans une situation ou il voulait un véhicule extrêmement baroudeur.

L.N.A. : Au demeurant, la version 4X4 se vendait à quelle proportion dans la phase 1 du Kadjar?

O.T. : Pour la France, c’était 4% du mix des ventes.

L.N.A. : Donc ça explique peut-être aussi pourquoi tels choix.

H.B. : Le mix 4X4 Kadjar au sens global du terme est un peu plus élevé mais avec des mixes qui restent mesurés. Pour autant, nous avons en Europe des marchés où les mixes de ventes moyennes segment peuvent aller jusqu’à 30 ou 40%. Donc premièrement, c’était primordial de maintenir cette version parce que c’est dans l’ADN du véhicule. Deuxièmement, selon les pays, adapter cette proposition à différents moteurs ou gammes. Certains marchés ont donc la version 4×4 qui vient coiffer la gamme, sur d’autres, elle s’intègre dès le cœur de gamme.

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L.N.A. : La nouvelle teinte vert Oural est propre à la voiture ou va-t-on la retrouver ailleurs ?

H.B. : Pour l’instant, elle est spécifique au Renault Kadjar.

L.N.A. : A-t-elle été spécifiquement conçue ou est-ce une ancienne teinte ?

H.B. : Oui, elle a été spécialement conçue pour Renault Kadjar.

L.N.A. : Y a-t-il une demande du retour du vert dans la gamme ? 

H.B. : C’est une couleur clivante.

LNA : Elle a été anathémisée le milieu des années 2000, où seule une minorité de modèles a pu en profiter

H.B. : Après nous parlons d’aspect baroudeur, c’est une teinte comme les marrons et beiges, qui va plutôt dans l’esprit des clients, propre à l’évasion, c’est une teinte de communication, d’adéquation client qui va dans cet esprit là.

Sur le stand en plus elle est proposée avec un cuir clair, c’est une association, un choix design. Pour être tout à fait transparent avec vous, depuis hier, nous avons des retours plutôt très positif pour l’instant.

L.N.A. : de fait, dans les évolutions de gamme, il y a aussi les moteurs avec l’apparition du 1.7 BluedCi. Attendez-vous beaucoup de ce moteur diesel alors que le marché est plutôt en train de se retourner ?

H.B. : Le marché est effectivement en train de se retourner, c’est un fait. Cependant, il reste important. Il y a quand même une part importante et aujourd’hui on est quasiment à plus de 50% diesel sur les C-SUV. Il existe encore et donc forcément il faut se positionner dessus. Nous pensions qu’il va participer à la performance de Kadjar sur la vie du véhicule.

L.N.A. : Le retournement du marché est vrai en France, mais c’est aussi vrai dans d’autres pays un peu plus fortement, comment vous le ressentez ?

O.T. :  Alors la tendance est générale, après tout dépend du point de départ. Le market trend va beaucoup plus vite sur certains marchés, il va assez vite en France. Pour l’instant, la proportion du diesel sur Renault Kadjar est supérieure au mix de son segment.

Sur un marché comme l’Italie, l’offre diesel sur le segment représente quasiment 90% des ventes. Il va y avoir des retours de marché qui vont allez très vite. Et on a commencé à les voir, depuis un an quasiment il y a eu 15-20% d’évolution vers l’essence et aujourd’hui, notre visibilité est qu’effectivement à l’horizon 2020-2021 on va se retrouver avec une offre essence, un marché/une demande essence qui sera quasiment, sinon généralisée, du moins très fortement leader. Mais il nous fallait maintenir une offre diesel, une double offre même sur cette assiette là, et nous avons une vraie carte à jouer avec un moteur sobre et efficient.

Ainsi du BluedCi 115 chevaux sur lequel on a développé une fonction overboost qui permet de gagner de manière temporaire un peu de puissance, et un peu de couple pour sortir de situations périlleuses. Nous avons mis cette fonction sur le moteur qui en avait peut être le plus besoin. Et puis le second moteur évoqué, c’est le 1.7 BluedCi qui est porté à 150 chevaux et qui sera disponible en boîte manuelle uniquement en offre 4X2 et 4X4.

L.N.A. : Seulement en boîte manuelle ?

O.T. :  Oui, pour l’instant.

L.N.A. : Faites-vous face à des problématiques de production de boîtes automatiques ? Le marché se retourne aussi sur les boîtes de vitesses.

O.T. : Non, c’est pour ça qu’il nous a paru beaucoup plus légitime d’avoir une double offre boîte manuelle – boîte automatique sur toutes nos versions essences avec une double offre de puissance à 140 et 160 chevaux pour avoir une ouverture la plus importante possible.

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L.N.A. :  Sur l’évolution des gammes, nous avons noté l’apparition de version S-Edition sur Talisman et Captur. L’envisagez-vous sur Kadjar ?

O.T. : Très clairement, non.

H.B. : Effectivement, le contenu n’est pas exactement le même qu’avec la Talisman et le Captur. Nous nous sommes orientés sur le nom Black Edition pour essayer d’être un peu plus cohérent avec ce que l’on avait pu faire par rapport à la gamme et au contenu de la voiture.

L.N.A. : Quand nous avons aperçu Renault Kadjar vert à l’intérieur clair, nous avions cru à une Initiale Paris. Allez-vous proposer cette finition ?

O.T. : Non. Ça a été aujourd’hui un choix de produit avec une alternative, la Black Edition pour avoir un contenu et un rapport prix-équipement centré en rapport avec le positionnement qu’on veut avoir avec le nouveau Kadjar. De plus, sur le marché, aujourd’hui ou à de très rares exceptions, on ne trouve pas d’équivalent. Ça a été un arbitrage produit-offre-investissement.

L.N.A. : L’offre moteur a été totalement revue, mais nous sommes surpris de ne pas voir de proposition hybride essence, alors qu’elle avait été annoncée il y a quelques mois…

O.T. : Ce n’est pas à l’étude. L’annonce a été faite pendant le Mondial de l’automobile pour les Clio V, Captur II et Mégane IV. Evidemment, c’est une technologie qui est vouée à court, moyen et long-terme à se généraliser. Nous déciderons quand elle sera voué à l’être aussi sur le Kadjar. Nous ne nous l’interdisons pas, mais est-ce l’actuel ou le futur, nous ne le savons pas. 

L.N.A. : Prenons un peu de recul sur le segment C plus généralement. Quand Carlos Ghosn est arrivé en 2005 à la présidence de Renault, le segment C était le segment rentable pour la marque. Est-ce encore le cas aujourd’hui?

H.B. : Aujourd’hui, par rapport aux ambitions que nous nous étions fixées, nous sommes exactement dans nos ambitions. Nous sommes satisfaits de nos résultats sur le segment C. Après c’est un marché avec de plus en plus de concurrents et très compliqué.

L.N.A. : Justement, Renault propose 3 carrosseries à l’international pour la Mégane (Berline 5 portes et Break connus en France, berline 4 portes ailleurs), et 2 carrosseries pour le Renault Scénic. Qu’en est-il pour l’avenir de Renault Kadjar ?

O.T. : Alors aujourd’hui pour être très transparent et très franc avec vous sur le nouveau Kadjar, il n’est pas prévu d’avoir une offre 7-places si c’est la question qui est induite.

Ce que nous constatons évidemment, c’est que dans les flux clients c’est le monospace qui baisse, des clients qui basculent sur du SUV et on voit sur le marché des offres 7 places apparaissent (Volkswagen Tiguan Allspace, Skoda Kodiaq, Seat Tarraco…). Après ce sont des décisions, des arbitrages d’entreprise entre une adéquation d’une demande marché et une réponse produit.

Le marché tend en effet à avoir une partie des clients souhaitant avoir des places d’appoints supplémentaires. Cette demande s’associe bien à la recherche d’espace à vivre, de modularité. Le SUV est dans l’air du temps pour répondre à ces demandes. C’est tout ça qu’il nous faut analyser et voir aussi par rapport à l’offre existante, puis se projeter à moyen et long-terme. 

L.N.A. : Une dernière question, l’ensemble de nos lecteurs a peut-être été surprise de ne pas voir au Mondial de l’Automobile le concept du Renautl Arkana, qui fait partie du segment C-SUV. Pourquoi ?

O.T. : C’est une question plutôt stratégique. Renault Arkana a été dévoilé pour le marché russe, aujourd’hui les nouveautés pour le marché ouest-Européen à Paris, c’est à la fois Renault EZ Ultimo et Renault Kadjar. Dans ce cas-là, Renault Arkana n’avait pas du tout sa place sur ce salon.

L.N.A. : Merci à vous deux.

Retrouvez nos essais des Kadjar TCe 140 Intens et TCe 160 Black Edition en cliquant sur les légendes ci-dessous :

Interview réalisée à l’occasion du Mondial de l’Automobile 2018.

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