Le Nouvel Automobiliste
Essai MPM (3)

Essai MPM PS160 : l’artisanat automobile Made in France

MPM Motors, vous connaissez ? On parie que vous êtes 90% à nous répondre non. Cette marque apparue il y a 10 ans en reprenant et en concrétisant un projet coréen de voiture low-cost s’est installée dans les Yvelines, où elle a établi sa chaîne de production. Un seul modèle était au catalogue, la MPM PS160, devenu MPM Erelis après adoption du moteur PureTech de PSA (le précédent moteur ne passant pas les normes antipollution). Depuis 2016, la MPM PS160 / Erelis était produite de façon artisanale, ajustée au fur et à mesure en fonction des retours clients. Sans avoir jamais décollé, le constructeur a fait faillite après 4 ans d’une discrète production. Retour sur l’initiatrice de cette folle aventure automobile la PS160 !

MPM PS160 : le low-cost au look de supercar

La MPM PS160 / Erelis faisait partie de ces rares voitures peu chères qui font l’effet d’une supercar. Nous l’avions essayée à l’époque où elle était encore plus méconnue (c’est dire !), ce qui n’a pas manqué de marquer les passants..

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Nous voici en septembre 2018. Pour être sûr de réaliser des photos chatoyantes quel que soit le temps, nous avions demandé au constructeur un modèle de couleur vive… Avec sa peinture orange, la MPM affiche son style sans complexe au milieu des Renault Clio grises, VW Polo noires et Citroën C3 blanches. De face, le large capot plongeant orné de deux nervures donne l’impression d’avoir affaire à une vraie sportive, façon McLaren F1 ou MP4-12C. Non, nous n’avons rien consommé d’enivrant avant d’écrire ces lignes !

Le profil est lui aussi particulièrement dynamique : ailes avant galbées et très marquées à l’arrière, toit fuyant et surface vitrée réduite. De loin, on semble distinguer une Lamborghini (la folie nous guetterait-elle ?), avec des bas de caisse travaillés et des jantes de diamètre imposant.

De dos, la malle de coffre noire interpelle et accentue de design surprenant même sous cet angle. Elle arbore le logo de la marque, la trompeuse appellation du feu modèle « PS160 » qui ne correspond pas à la puissance en chevaux mais à la cylindrée de l’ancien moteur, ainsi qu’un sticker tricolore « Made in France » pour rappeler son lieu de production. Comme quoi, une française peut être aussi attrayante qu’une sportive anglaise ou italienne ! Attrayante de loin en tout cas, car les ajustements renvoient à une époque lointaine…

À bord de la MPM PS160 : back to the 90s

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L’habitacle nous rappelle quant à lui que nous ne sommes pas du tout au même niveau de prix que l’une de ces supercars. Tout de noir vêtu, il affiche des accents sportifs avec des sièges façon baquets, un large placage noir laqué sur le tableau de bord et des aérateurs ronds. Mais ne vous attendez pas à trouver des matériaux nobles et des fioritures. Dans la MPM, c’est du brut de décoffrage, des finitions bâclées, de la simplicité dans tous les sens du terme (des notions pas si éloignées de l’esprit des voitures purement sportives, finalement !).

Le bas de la console centrale est d’un seul tenant, accueillant le frein à main protubérant dans lequel nous allons nous cogner à le maintes reprises. La radio ne ferait pas anachronique dans Renault 19 tandis que le volant est 100% pure croûte de plastique. La simplicité des boutons de la climatisation est moins dérangeante que l’efficacité moyenne de cette dernière (nous étions en pleine canicule lors de l’essai).

Les places arrière sont moyennement accueillantes, à cause de la faible hauteur de toit provoquée par l’inclinaison du pavillon et du manque de maintien latéral des sièges, observation également valable à l’avant.

La contenance de la malle s’avère quant à elle suffisante : 380 litres, un volume digne d’une nouvelle Citroën C4 ou d’une Seat Leon, mais pas exceptionnel, doux euphémisme, eu égard de la longueur de l’auto (4,7 m). Avec ce profil de coupé, un hayon aurait largement facilité le chargement.

Essai MPM PS160 : molle nostalgie

Essai MPM (3)

La conduite de la MPM ne fait pas non-plus dans la dentelle. C’est du sans-filtre auquel on n’a plus l’habitude. On est assis assez bas, une sensation renforcée par la faible surface vitrée et par la hauteur de la console centrale. Le moteur 1.6 essence d’origine Mitsubishi se met en marche d’un tour de clé en faisant entendre sa sonorité rustique. Il déplace notre ORNI sans réelle énergie malgré le poids contenu de 1 225 kg obtenu grâce à l’utilisation d’un matériau composite pour la carrosserie. La conduite de cette auto demande un bon temps d’adaptation, entre les commandes approximatives (pédales, guidage du levier de vitesse, direction…) et le freinage à doser avec doigté. On en revient à notre concept de  voiture de sport : beaucoup de bruit (isolation très légère des bruits du moteur), simplicité à l’extrême, commandes peu nombreuses à portée de main, position de conduite basse… Avec tout cela au moins, on ne s’ennuie pas au volant !

Quand on arrive en ville, tout le monde change de trottoir…pour venir admirer la MPM. D’autant plus gênant que ce n’est pas la reine des créneaux, tant à cause de sa longueur de 4,68 m que par la visibilité arrière réduite. La découpe des vitres de portes arrière et de la lunette très inclinée sont des ennemis redoutables au moment de se garer. Bref, les inconvénients d’un coupé, mais dans une berline 5 places !

Équipements de la MPM Erelis : basic instinct

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Voiture low-cost, la MPM fait l’impasse sur toute technologie d’aide à la conduite. Pas d’alerte de franchissement de ligne ni de régulateur de vitesse adaptatif, pas de détecteur d’obstacle avec freinage autonome, de feux de route automatiques, encore moins d’écran tactile… Une approche de l’automobile qui remet le conducteur à sa place : les mains sur le volant et les yeux sur la route ! La sécurité passive ( équipements qui protègent en cas d’accident, type airbags) est toutefois garantie par la structure de la MPM sur châssis tubulaire et l’airbag conducteur. Avec ces simples équipements, le crash-test (mais lequel ?) a été passé avec succès.
Côté confort c’est service minimum également, avec les vitres électriques et la climatisation.

Prix MPM Erelis : coûteuse mise à niveau

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La MPM Erelis était affichée à partir de 16 490 € avec le moteur 1.2 Turbo d’origine PSA.

Notre version d’essai était une MPM PS160, dotée du moteur 1.6 essence d’origine Mitsubishi, à 11 480 € (hors malus écologique) incluant les options :
_ Peinture Orange opaque à 200 €
_Jantes alliage 17 pouces à 790 €


Pourquoi conduire une voiture moche ou insipide quand on a un budget limité ? La réponse de MPM tenait dans ce modèle, avec une auto capable de faire tourner les têtes et d’offrir une expérience de conduite pour le moins… ludique. En plus de réparer une injustice, une discrimination de l’accès aux voitures sympa, même, MPM permettait d’acquérir à moindre coût une voiture Made in France. Produite localement et pas chère, look de McLaren au prix d’une Dacia… C’était presque un exploit ! En se dotant du moteur PureTech de PSA de 130 ch, elle faisait même un pas vers la modernité, une modernité tout de même cher payée pour une auto initialement low cost… À l’heure du dépôt de bilan, d’autres modèles étaient déjà à un stade avancé de leur conception, notamment un SUV finalisé à 90%, une citadine tout électrique ou encore un break de chasse. Même si cette marque ne manquera pas à grand monde, nous saluons toutefois le courage et la ténacité de son équipe et témoignons notre soutien aux salariés qui voient disparaître leur emploi.

Essai et photos réalisés par Thibaut Dumoulin pour Essais Du Club, remis au goût du jour pour le Nouvel Automobiliste.

Galerie Photos MPM PS160 / MPM Erelis

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