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Skoda Octavia Business TDI 116 rouge Corrida Le Nouvel Automobiliste

Essai Škoda Octavia 2.0 TDI 116 ch Business : Octavia 5 ou Taxi 6 ?

Skoda Octavia Business TDI 116 rouge Corrida Le Nouvel Automobiliste

Škoda, la marque « simply clever » du groupe Volkswagen, peut être fière de son Octavia : avec plus de 7 millions d’unités écoulées en 4 générations, la familiale tchèque peut compter sur une solide base de clients à travers le monde. Le cinquième et nouvel opus est fortement attendu par le public mais aussi par les professionnels à en juger par la quantité de taxis ou de sociétés à travers le monde qui ont adopté l’Octavia. Škoda n’a pas l’intention de laisser filer la clientèle B-to-B et propose une version Business TDI 116 ch de sa nouvelle Octavia. La familiale simply clever est-elle simply the best ?

Škoda Octavia : Simply Red

Rouge Corrida, en l’occurrence. Notre Škoda Octavia se pare d’une teinte aguicheuse, bien qu’opaque (un rouge métallisé est également disponible), mais il ne faut pas croire que cette teinte est gratuite : seul le bleu opaque est livré de série, le blanc et ce rouge étant facturés 450 €. Ajoutez à cela les jantes en alliage de 17 pouces « Pulsar Aero » au prix de 550 € et notre Octavia a plutôt fière allure. Avec cette nouvelle mouture, Škoda décline son nouveau style sur sa familiale à succès et offre des lignes un peu plus sensuelles mais toujours sculptées : l’Octavia se veut plus séduisante.

Le style profite d’un capot autoclave venant habilement nervurer le côté de caisse, cette ligne se poursuivant jusqu’à la pointe des feux arrière où elle se termine par une ouverture en forme de béquet sur le hayon. Très bien exécutée, comme toute la tôlerie du véhicule, d’ailleurs. En parlant de feux arrière, ceux-ci deviennent horizontaux, pour la première fois sur une Octavia (hors de Chine), et reprennent les codes de style déjà défrichés sur d’autres modèles de la marque. À noter l’animation à l’ouverture des portes, liée aux feux arrière à LED (900 € dans le Pack Visibilité +). De face, c’est aussi l’occasion pour l’Octavia d’étrenner l’évolution de la calandre Škoda : le cadre chromé est souligné d’un jonc en plastique grainé tandis que les fanons verticaux grossissent et intègrent le radar du régulateur de vitesse en son centre. On retrouve toujours le logo à tête d’indien posé sur le bec du capot : les fans de la première Laguna apprécieront.

Pas d’entourages de vitres chromés sur notre version : nous avons entre les mains une Octavia Business, troisième niveau placé au-dessus des Active (disponible à partir de 22 640 €) et Ambition ; les niveaux Style et RS venant chapeauter la gamme. La finition Business se résume à une Ambition à laquelle s’ajoutent le système d’infodivertissement 10 pouces avec GPS (8,5 pouces en deçà), le régulateur de vitesse adaptatif, l’aide au stationnement avant et l’ouverture sans clé. Le TDI 116 ch BVM6 constitue l’offre de base en Diesel, la boîte DSG7 est en option sur les TDI 116 et 150 ch, de série sur le TDI 200 4×4. Dans tous les cas, c’est le même bloc 2,0 l qui s’y colle. Ajoutez à cela en essence les 1,5 l TSI 150 ch BVM6, 1,0 l TSI M-HEV (hybride 48 V) 110 ch DSG7, 1,5 l TSI M-HEV 150 DSG7, mais aussi l’offre hybride rechargeable 1,4 l TSI PHEV 204 ch DSG6. Pas assez de diversité pour vous ? Rassurez-vous, il vous reste également le 1,5 l TGI 131 ch DSG7 fonctionnant au gaz naturel ! Škoda pense à tout.

Mais comme on est un peu nostalgique du temps où on croyait naïvement qu’un moteur frugal pouvait sauver la planète et le portefeuille, alors qu’il suffisait de taxer et d’extraire du lithium, on prend le volant du TDI 116. Montez, on vous emmène.

#balance ton port USB C

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Alors certes, il n’y a pas la mer en République tchèque, mais cette Škoda Octavia Business recèle de nombreux ports… USB. Et pas n’importe lesquels : 5 ports USB C au total, 2 sur la console centrale à l’avant, deux sous les buses d’aération arrière et un inédit port USB C sous le bloc capteur de pluie / caméra en haut du pare-brise, permettant de connecter un objet que vous auriez ventousé dans le coin. Simply clever. À l’image de tous ces détails typiques de Škoda : on connaît le fameux grattoir niché sur la trappe à carburant, le porte ticket de stationnement, le parapluie intégré dans la porte avant (un seul parapluie est livré de série mais les deux portes avant présentent le logement), les crochets divers dans le coffre (dont un articulé), l’accoudoir arrière incluant les porte-stylos, porte-tablette et porte gobelets, il faut désormais ajouter une nouveauté aperçue sur l’Enyaq iV : les poches à Smartphone au dos des aumônières. On n’arrête pas le progrès !

Après #BalanceTonPortUSBC, le second hashtag sera #BlackSeatsMatter. Autant Marshall Matters, autant l’hégémonie noire nous est infligée à bord de cette version Business de la Škoda Octavia : plastiques noirs, moquette noire, sellerie en tissu noire. En option ? Du cuir noir ou des dos de sièges en TEP noir (pratique pour certaines professions… ou certaines familles). C’est la mer Noire. Vous voulez autre chose que le noir ? Il faudra casser votre tirelire pour une version Style proposant le beige en alternative. Et c’est tout. On a connu des habitacles transpirant un peu plus la joie de vivre ! Il vous reste toutefois la possibilité de configurer l’éclairage d’ambiance (option groupée à 250 €) pour vous la jouer She’s A Rainbow des Stones, bien que ça ne casse pas des briques. Au pire, vous me direz qu’on peut toujours égayer tout ça avec un toit ouvrant en option, non ? EH BIEN NON !

#Scandale !

Škoda a commis l’irréparable avec cette génération d’Octavia : il n’y a pas de toit ouvrant disponible en berline. Si vous en voulez un, il vous faudra opter pour le break Combi, sur certains niveaux de finition uniquement. La guerre est déclarée : je ne pourrai pas recommander la berline Octavia. C’est la stratégie de les tchèques… Fallait pas me chercher. Une voiture sans toit ouvrant, et puis quoi encore ? Des bryndzové halušky sans Kofola ?

La voiture se rattrape tout de même avec 4 porte-gobelets pour votre stock de Kofola, justement… les rangements sont accueillants et bien étudiés, notons également que le vide-poches central est vaste, d’autant plus qu’il n’est pas encombré par le chargeur à induction optionnel. Rien n’est gratuit en ce bas monde. Tout comme l’essuie-glace arrière, inexplicablement optionnel (140 €) : on se croirait dans les années 80 ! Mais une Octavia ne serait pas une Octavia sans un grand coffre. Et celle-ci ne déroge pas à la règle, forte d’une contenance de 590 l. Qui dit mieux ? La version break avec 20 litres de plus, à peine ! D’ailleurs, le coffre jouit d’une prise 12 V en sus des divers crochets mentionnés ci-dessus. Une trappe à ski permet de charger des objets longs et les dossiers se rabattent 2/3-1/3.

À bord, outre les 5 prises USB C (2 de série, les 3 autres en option à 260 €, comprenant aussi la prise 230 V), les passagers arrière disposent de deux buses d’aération et d’un vaste espace aux jambes tandis que leur banquette est bien creusée pour deux personnes. Quant aux sièges avant, avec leur allure semi-baquets, ils offrent un confort d’approche très intéressant mais se révèlent un peu fatigants sur la durée en raison d’un soutien aux épaules perfectible et d’un appuie-tête non réglable en inclinaison. Le conducteur profite du volant chauffant de série (dès la finition Ambition) : très bon point pour Škoda, cette fois ! A l’opposé, la boîte à gants est quant à elle réfrigérée. Cool. Un mot sur l’installation audio : correcte, sans plus malgré 8 HP. En tous cas, assez bonne pour réécouter les standards tchécoslovaques comme « Čo o mne vieš » ou « Fero », ou d’un bon « Dnes » de Tublatanka pour terminer une soirée au Relax. Mais je m’égare.

Si le rétroviseur avec un cadre un peu grossier déçoit, il n’en est pas de même de l’infodivertissement du véhicule. La résolution de l’écran 10 pouces est très bonne, les animations et transitions sont fluides, les menus sont bien conçus et personnalisables : ça commence très bien. Il y a même un contrôle du volume « façon Cadillac » avec une barre horizontale tactile, qui, forcément, me plaît bien. Mais il y a deux hics : on commence par les commandes vocales qui se contrôlent d’un « OK Laura » (c’était le nom de l’Octavia en Inde dans les années 2000 !)… ladite Laura ayant tendance à se sentir visée à la moindre conversation, déclenchant le système de manière inopinée. L’autre détail perfectible, c’est la commande gestuelle (sans toucher l’écran) qui implique beaucoup de calme et de dextérité. Bref, vous y renoncerez au bout de 2 tentatives. Notons l’original menu de climatisation scindé en deux : un menu classique et un menu dit « intelligent » où les commandes traditionnelles sont remplacées par des propositions plus explicites du type « chauffer les pieds ». Pas commun. Le combiné numérique de série propose plusieurs types d’affichage, dont le GPS, mais ne permet pas, à l’image des autres voitures d’ailleurs, de répliquer les informations de Waze : seul l’écran central le permet. Par ailleurs, les informations détaillées de l’ordinateur de bord ne sont visibles que sur l’écran central. Un peu frustrant.

Škoda Octavia : business as usual

Au volant, on est dans un univers qui ne dépaysera pas les clients du Groupe VW. Et parlons-en de ce volant : son style à deux branches est nouveau et il se prend agréablement en main. Au démarrage, le frein de stationnement électrique s’efface avec discrétion comme toujours chez Škoda. La direction est bien assistée, douce et offrant un retour d’information correct à défaut d’être brillant, contrairement à Dany. Et c’est globalement ce sentiment de « bien mais pas top » digne du Commissaire Bialès qui ressort de la conduite de cette voiture. La position de conduite serait sans reproche s’il n’y avait pas cette étrange pédale d’embrayage, un peu éloignée et obligeant à tendre excessivement la jambe (d’autant plus surprenant que mes jambes sont proportionnellement assez grandes eu égard à ma petite taille). De même, l’insonorisation s’avère correcte mais prouve une fois de plus qu’un TDI n’est pas aussi bien calfeutré que les Diesel des rivaux. Les performances sont tout à fait correctes : avec 116 ch à 2 750 tr/min et un couple maxi de 300 Nm à 1 600 tr/min, l’Octavia TDI 116 distille suffisamment de punch pour mouvoir ses 1431 kg. Škoda ne s’est donc pas vraiment surpassé sur le plan de l’allègement, mais le moteur fait largement l’affaire.

Le comportement routier ? Sans surprise : il est neutre, la voiture se montre même plutôt confortable à l’avant grâce à un amortissement prévenant, bien que présentant des phénomènes marqués de pompage en franchissant les ralentisseurs. On note simplement des réactions un peu plus sèches du train arrière sur les hautes fréquences, au détriment du confort des passagers de rang 2. Les suspensions aussi sont sans surprise : McPherson à l’avant et traverse déformable à l’arrière. La voiture est surtout pénalisée par sa monte pneumatique Continental EcoContact 6 qui manque singulièrement de grip sur route mouillée au point de solliciter abondamment l’ASR à la moindre accélération un peu appuyée. Plutôt décevant, et nul doute que de meilleures enveloppes permettent de corriger une bonne partie de ce phénomène. Ainsi, la voiture se conduit en bon père de famille (c’est une expression, on se calme les féministes !) et je présume que si vous lorgnez vers une Octavia de 116 ch, vous n’espériez pas une Ferrari, en dépit de la teinte rouge.  

En ce qui concerne les aides à la conduite, rien de transcendant ici, s’agissant d’une version intermédiaire : régulateur de vitesse adaptatif sans histoire (et sans fonction stop en raison de la boîte mécanique -il se déconnecte sous les 30 km/h), caméra de recul, aide au stationnement avant et arrière, Front Assist et… c’est tout. Inutile de vous présenter ces équipements archi connus. Faute d’option Full LED, nous nous contentons ici des projecteurs Eco LED à l’éclairage toutefois satisfaisant bien que les antibrouillards soient bêtement privés de fonction d’éclairage d’angle.

Sur ce modèle pourvue de la boîte manuelle 6 rapports, on se retrouve, outre avec cette fichue pédale d’embrayage, avec une commande de boîte bien guidée et bien isolée. Sur ce dernier point, il y a eu de vrais progrès d’accomplis par le Groupe VW. L’étagement ne souffre d’aucune critique et les consommations se montrent fort raisonnables en dépit d’un parcours urbain peu favorable : première journée mêlant ville et route avec un peu d’encombrements : 5,1 l de moyenne. Seconde journée bien plus encombrée et également marquée par un peu de voies rapides : 5,7 l de moyenne. L’Octavia bénéficie également d’un stop&start certes primitif (démarreur renforcé, actif sous les 6 km/h) mais qui remplit correctement son rôle. Et vous remplirez relativement souvent le réservoir puisqu’il ne contient que 45 l. Moralité, on peut diaboliser le Diesel, ça n’ôte rien à la réalité des faits : ça consomme peu et nul besoin de se farcir 200 kg de batteries d’un PHEV que peu de gens peuvent charger au quotidien pour faire effectivement baisser la consommation en usage réel… Mais puisque ces paroles reviennent à uriner dans un instrument à cordes frottées, il faudra vous faire à l’idée que si vous optez pour une Octavia TDI, mieux vaudra la louer pour ne pas avoir à subir la revente précipitée dans un futur proche. Bref, venons-en aux couronnes tchèques.

Simply the best ?

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La Škoda Octavia Business TDI 116 BVM6 est proposée à partir de 29 280 € auxquels s’ajoutent, dans notre cas, la teinte rouge Corrida (450 €), le Pack Visibilité + (feux arrière LED, vitres surteintées, antibrouillards et caméra de recul : 900 €), la connectique additionnelle (prise 230 V et 3 USB C additionnels : 260 €), les jantes de 17 pouces (550 €), le Pack Eclairage Intérieur (incluant la projection du logo Škoda au sol : 250 €) et l’essuie-glace arrière (140 €). Nous obtenons un modèle d’essai à 31 830 €. Quant au malus, il est nul : avec 108 g/km en WLTP, vous n’avez rien de plus à payer.

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Un coup d’œil sur la concurrence ? Škoda a toujours positionné l’Octavia comme une « presque routière » avec ses grandes dimensions sur une base de compacte. Et le constructeur tchèque a toujours mis un point d’honneur à la placer en face des compactes côté tarif. Cela se vérifie encore avec la nouvelle génération : pour 31 300 € à Sochaux, vous avez une Peugeot 308 Allure Business BlueHDi 130 ch BVM6. Certes un peu plus puissante et plus agréable du point de vue du comportement routier, la 308 est sérieusement moins habitable, son multimédia est largué face à celui de l’Octavia et elle ne bénéficie pas du volant chauffant, du régulateur de vitesse adaptatif, des aérateurs arrière, ou des multiples ports USB.

Chez Ford, la moindre Mondeo Titanium Business 150 ch sera hors de portée (35 600 €). Alors rabattons-nous sur la Ford Focus : 28 100 € en version Titanium X EcoBlue 120 ch BVM6 et 29 500 € avec des options comparables à celles de notre Octavia. Certes, la Focus est moins spacieuse et n’offre qu’un écran 8 pouces… Mais pour 30 700 €, vous bénéficiez du break avec les mêmes équipements. Et la Focus est disponible avec un toit ouvrant (1 150 €)… sans vouloir la ramener : ça nous place la Ford Focus SW pile au tarif de notre Škoda Octavia d’essai !

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Alors, simply the best, notre Octavia ? Sur le fond, aucune berline compacte n’offre un pareil rapport prix/prestation/habitabilité. Son système multimédia est très moderne et la version Business fera le bonheur des taxis avec son équipement bien étudié. Mais les compactes n’ont pas dit leur dernier mot lorsqu’elles deviennent break. Et la Ford Focus a soudainement son mot à dire ! Vous recherchez une berline familiale comme voiture de fonction ? Foncez pour la Škoda Octavia, très compétente et bien positionnée en TDI 116 ch. Vous êtes ouverts à d’autres carrosseries qu’une berline ? La Ford Focus SW dispose elle aussi d’un super rapport prix/prestations et compense une partie de ses manques par un comportement routier plus incisif. Et dans tous les cas, s’il s’agit de votre argent plutôt que de celui de votre employeur, abstenez-vous : la chasse au Diesel menée par la classe politique vous posera nécessairement des soucis à la revente voire à l’usage à moyen terme. Autant reporter le problème sur quelqu’un d’autre que vous. Et si l’on met de côté ce détail de l’Histoire, Škoda a réussi une très bonne Octavia. Comme d’habitude.

Photos : Le Nouvel Automobiliste

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