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Essai Suzuki Across PHEV : ne l’appelez pas RAV4

C’est sûr, ce Suzuki Across vous dit forcément quelque chose. Il s’agit en fait du Toyota RAV4 en version hybride rechargeable mais rebagdé par Suzuki. Profitant du récent partenariat entre les deux marques et afin de réduire ses émissions de CO2, la firme japonaise lance son premier SUV PHEV. Avec son rapport qualité/prix plus convaincant, ce Suzuki Across serait-il meilleur que son clone ? A-t-il bien pioché dans les équipements de son frère jumeau ? Réponse dans notre article qui nous a amené sur les routes du département des Yvelines, confinement oblige.

Moins fade sur le plan esthétique

Tout d’abord, avant de parler du style de ce Suzuki Across, rentrons un peu plus dans l’histoire de ce partenariat entre deux marques japonaises. Suite aux demandes de réduction drastique des émissions de CO2 au niveau européen, les deux marques ont signé depuis Mars 2019 un accord de partenariat.

Bien que la marque Suzuki ait converti l’ensemble de sa gamme en micro-hybride, il manquait de quoi réduire encore un peu plus son empreinte écologique. Seul possibilité : rebadger des modèles de son partenaire Toyota (bien placé sur les modèles hybrides). Du coup, en plus du Suzuki Across, copie du Toyota RAV4 PHEV, il y a également la Suzuki Swace, jumelle du break Toyota Corolla hybride.

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Cependant, le rebadgeage du Toyota RAV4 ne se limite pas à apposer le logo de la marque. En effet, sur la face avant, le Suzuki Across adopte un dessin plus enjoué que son frère jumeau. Le pare-chocs est légèrement plus musclé. Sans parler des projecteurs avant plus effilés et qui donnent du caractère à l’ensemble.

Pour le reste, rien n’est modifié. On retrouve toujours ce profil très anguleux, si caractéristique du Toyota RAV4 ou encore ses passages de roues carrés. Idem sur la face arrière qui conserve les mêmes mimiques que le Toyota RAV4. Un design qui peut repousser certains acheteurs mais comme dit l’adage, tout est affaire de goût.

Un intérieur très fonctionnel

Quand on ouvre les portes de ce Suzuki Across, c’est clair on n’est pas dépaysé car il s’agit clairement d’une copie conforme de son frère jumeau. Seul le logo sur le volant est différent. On retrouve ainsi une position de conduite assez haute avec des sièges assez enveloppants. A noter que seul le siège conducteur est électrique. L’ergonomie générale est plutôt bonne avec de nombreux rangements dans les contre-portes ou dans la console centrale.

A l’arrière, rien à redire également. L’assise longue de la banquette arrière rabattable 1/3 – 2/3 est généreuse. L’espace aux jambes et aux coudes permet d’accueillir largement 3 adultes. Même la place centrale avec l’accoudoir intégré est acceptable.

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Pour le coffre, même si celui-ci ne se montre pas aussi immense que le gabarit pourrait le laisser entendre (490 litres tout de même), il conserve une roue de secours de type galette. Fait assez rare pour un hybride quand on sait que les batteries se situent dans le plancher arrière.

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Niveau qualité perçue, celle-ci se montre globalement satisfaisante. En effet, la partie supérieure de la planche de bord se révèle qualitative avec des matériaux de bonne facture et moussés. Cependant, les plastiques sont plutôt durs sur la partie basse. Cela aurait été presque un sans-faute à ce niveau de gamme s’ils étaient identiques entre le haut et le bas de la planche de bord.

Plutôt bien équipé mais sans GPS

Côté équipements technologiques, l’Across n’a pas à rougir de la concurrence. La marque a d’ailleurs pioché dans la banque d’équipements du Toyota RAV4. Ainsi, il propose de série le système de freinage automatique d’urgence, la lecture des panneaux de signalisation, le régulateur de vitesse adaptatif ou encore de la surveillance des angles morts.

Malgré cela, un des points qui peut déstabiliser l’acheteur, c’est l’absence de module GPS. Même si l’écran central conserve le bouton, ce Suzuki Across n’adopte pas le système de navigation de son frère jumeau. Choix technique ? Non, la marque souhaitant réduire les coûts, elle a préféré ne pas s’encombrer de ce système. Une option non utilisée plutôt bien justifiée quand on connaît le système de navigation de Toyota assez compliqué. Pour contrer ce problème, cet Across bénéficie d’une connexion CarPlay et/ou Android Auto permettant de répliquer les applications de navigation comme Waze ou Google Maps sur l’écran.

Une consommation presque ridicule

LeSuzuki Across démarre systématiquement en mode 100% électrique. Si la batterie est suffisamment chargée bien entendu. La conduite devient très zen, même si la direction se montre un peu trop légère. Concernant l’autonomie en tout électrique, elle est annoncée à 75 kms en cycle WLTP et peut même atteindre près de 98 kms en ville. Bien que n’ayant pas pu utiliser toute la capacité de la batterie, nous avons pu faire 45kms en mode tout électrique avec 30% de batterie restante. Soit près de 65 kms si nous avions déchargé celle-ci complètement. Un bon score comparé à ces concurrents (à peine 45/50 kms en usage normal).

Lorsque l’on enclenche le mode Hybrid ou si la batterie n’est pas suffisamment chargée, le moteur se met en mode hybride. Le Suzuki Across profite ainsi de l’apport du moteur 4 cylindres de 2,5 litre de cylindrée dont la puissance cumulée aux moteurs électriques s’établit à 306 chevaux. Les reprises et les accélérations se font de façon linéaire, comme sur un tapis roulant. On aurait presque préféré avoir un peu plus de peps sous la pédale. Comme un petit coup de fouet au moment où on écrase la pédale d’accélérateur.

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Il existe également 2 autres modes disponibles sur ce Suzuki Across. Un mode purement automatique dont le but est de favoriser le moteur électrique, la motorisation thermique ne venant qu’en cas de besoin pour un surcroît de puissance. Enfin, il existe un dernier mode de fonctionnement, la fonction recharge. Celui-ci se sert du moteur thermique comme générateur pour recharger la batterie. Attention tout de même, lors de son utilisation, la consommation explose rapidement. On avoisine largement les 12 litres aux 100 kms. Heureusement, ce mode sert peu, étant donnée la consommation si peu élevée de la batterie.

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Ce qui rend l’Across réellement impressionnant, c’est sa consommation au global. En effet, sur notre parcours de près de 500 kms mêlant route, autoroute et ville et en jouant avec les différents modes, elle s’est établie à seulement 6,5 litres aux 100 kms. Ce qui reste très peu face à une concurrence qui frise largement les 7,5 litres aux 100 kms voire même plus de 8 l aux 100 kms pour certains véhicules. Elle en ferait même pâlir certains diesels actuels.

On se sent bien à son volant malgré quelques anicroches

Comme expliqué précédemment, ce Suzuki Across n’est pas un véhicule de course que cela soit sur le plan mécanique mais aussi sur le comportement routier. En effet, avec son poids assez conséquent et l’inertie qu’il impose, il est très sensible au roulis. Notamment renforcé par sa direction assez légère et son manque d’endurance au freinage. On l’apprécie plus pour son confort d’utilisation que pour son dynamisme, légèrement en retrait face à un Peugeot 3008 hybride par exemple.

Autre petit bémol également, son léger manque de discrétion au niveau de la transmission. Même si celle-ci se révèle bien mieux insonorisée que sur un Toyota C-HR, le système à variation continue e-CVT se montre bruyant en cas de très forte sollicitation. Un point non négligeable au moment de l’achat quand on sait que ces concurrents travaillent énormément sur cet l’insonorisation. Notamment pour les familles nombreuses qui privilégieront le confort sensoriel.

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Bien que disposant du système à 4 roues motrices dénommé E-Four (sans arbre de transmission entre les essieux), le Suzuki Across ne se montre pas aussi performant qu’un véritable 4X4. En effet, le système se gère par le moteur électrique installé sur le train arrière et joue avec l’antipatinage pour se mouvoir en 4 roues motrices. On arrive très rapidement aux limites du système surtout sur route humide. Dommage quand on sait que l’on enclenche la transmission à 4 roues motrices dans ce genre de situation avec perte d’adhérence.

Et niveau concurrence ?

La plupart du temps, les concurrents à ce niveau de puissance avec 4 roues motrices se comptent sur les doigts d’une main. En effet, on ne dépasse pas presque jamais les 225 chevaux avec seulement 2 roues motrices. Côté pure concurrence, on peut ainsi citer les cousins Peugeot 3008 et Grandland X HYbrid4. Certes, plus dynamiques et légèrement moins chers (entre 50 000 et 53 000 euros), ils se montrent moins habitables que le Suzuki Across.

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Autres concurrents que l’on pourrait citer : le Jeep Compass 4xe ou encore le Ford Kuga hybride rechargeable. Bien que le premier semble une bonne alternative à notre Suzuki Across, sa consommation gargantuesque, son moteur un peu plus poussif et son habitabilité plus mesurée le rendent difficilement comparable. Pour le second, il pourrait presque faire pâlir le Suzuki Across notamment par son fonctionnement hybride plutôt bien géré et sa modularité très intéressante. Cependant, son autonomie en tout électrique reste en deçà de celle du Suzuki (à peine 30 kms), sa puissance est plus faible également (225 chevaux) et il n’est pas proposé en 4 roues motrices.

Mais si on ne devait en viser qu’un seul en terme de concurrent, c’est bien sûr le Toyota RAV4 hybride rechargeable, son frère jumeau. Bien que ne profitant que d’une seule finition, le Suzuki Across se montre bien plus abordable que son clone. En effet, en ayant sélectionné le meilleur de la dotation disponible sur le Toyota RAV4, il se montre légèrement meilleur en terme de coût/prestation.

Meilleur que son frère jumeau ?

Fruit du partenariat entre Suzuki et Toyota, cet Across profite de tous les avantages de son frère jumeau, le RAV4. A savoir une habitabilité importante, une consommation hors-pair ou encore une autonomie en mode électrique très convaincante. De plus, avec sa finition unique dénommée 1ère Edition, il est venu sélectionner les équipements les plus intéressants pour contenir son prix, soit 53 990 euros.

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Malgré tous ces bons côtés, on aurait aimé peut-être une direction moins floue en mode électrique ou encore un comportement routier plus efficace pour se placer parmi les références du marché. De plus, à ce niveau de prix, les aficionados de la marque seront-ils prêts à débourser autant pour se payer ce type de véhicule ? En tout cas, il reste parmi les meilleurs SUV du marché et mérite de faire des émules auprès des acteurs de ce segment de plus en plus fermé. Bon courage à toi, Toyota RA… pardon Suzuki Across !!!

Texte/Crédits photos : Christian CONDÉ/Le Nouvel Automobiliste

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