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Essai Porsche Taycan Turbo : l’essence de la marque

Après être devenue la cible persistante de railleries, Tesla est devenue l’obsession de tous. Plus personne ne parle d’automobile sans penser à la marque ou son patron Elon Musk. Même Porsche a répondu au constructeur californien en mettant au point sa première voiture électrique : la Porsche Taycan Turbo. Les ingénieurs de Stuttgart veulent montrer que, eux-aussi, savent faire des berlines électriques performantes et annoncent avec ce première modèle une esquisse de l’avenir de Porsche.

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Présenter le Taycan comme la première électrique de Porsche serait en réalité un raccourci historique erroné. En 1898, Ferdinand Porsche dévoilait déjà à Vienne la P1 : un véhicule électrique de 130 kg atteignant 35 km/h et 80 km d’autonomie. Plus de 120 ans plus tard et à la suite d’une lignée de modèles thermiques emblématiques, Porsche défraie la chronique avec le lancement d’une berline 100% électrique.

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Autant aller directement au cœur du sujet. Si certains puristes pensaient que l’âme de Porsche se trouvait au cœur de ses mythiques moteurs Flat-6, ils se trompaient. S’ils pensaient qu’une voiture électrique ne pouvait pas être une voiture sportive, ils faisaient encore plus fausse route. Les motorisations ne sont qu’un outil temporel pour contribuer à la création de sensations et d’émotions.

Porsche Taycan Turbo : rapide ou sportive ?

Pied sur le frein. Pied sur l’accélérateur. Le « launch control » s’active et tout ce qu’il reste à faire est de relâcher le frein pour être propulsé à 100 km/h en 3,2 secondes. D’accord, jusqu’ici c’est impressionnant mais c’est le même plaisir d’accélération qu’une Tesla Model S en version « grande autonomie ». Fort heureusement, la conduite n’est pas qu’une simple histoire d’accélération.

La suspension à double triangulation produit un travail formidable et rend la voiture incroyablement sportive et polyvalente. D’une manière ou d’une autre, elle parvient à filtrer les aspérités les plus chaotiques de la route tout en praocurant une adhérence au sol particulièrement étonnante. De plus, en toute situation, l’amortissement adaptatif réagit avec brio. Quelle que soit la vitesse, on se sent à bord d’un nuage ultra rapide à qui il ne peut rien arriver ou presque. Avec près de 2,4 tonnes sur la balance il ne faut pas non plus trop s’emporter.

Dès l’enclenchement du mode Sport, la voiture montre un vrai visage sportif. C’est aussi étonnant à vivre à bord, qu’à écrire ici, mais même avec un surpoids non négligeable et une structure de berline la Porsche Taycan Turbo montre un vrai comportement sportif. Pas simplement dynamique, mais sportif. Le châssis et train avant sont délicieux de précision, le sous-virage est très léger et on se sent très vite à l’aise pour enchaîner les virages. Là où une Tesla Model S atteint ses limites après quelques virages et freinages, la Porsche Taycan Turbo ne faiblit pas et en redemande.

Pour cela on passe en mode Sport Plus. La Porsche Taycan Turbo devient diabolique et se transforme à tous les niveaux. Déjà, le bruit du véhicule n’est plus le même. Oui, cela peut paraître impensable sur une voiture électrique mais, même de l’extérieur, on se surprend à reconnaître une Taycan Turbo les yeux fermés. Lorsque l’on croise un bruit de moteur électrique aussi bestial, comme si un TGV s’approchait de nous, aucun doute sur le modèle.

Au volant, la voiture est un monstre de brutalité et de rapidité qui se conduit pourtant très facilement du bout des doigts. Encore une fois, attention tout de même à ne pas prendre trop confiance. Les chiffres de performances peuvent donner le tournis comme l’attestent par exemple la reprise de 80 à 120 km/h en 1,9 seconde ou encore le 0 à 200 km/h en 10,6 secondes. Ouch. Autant vous dire que l’on ressent intiment bien les 850 Nm de couple qui nous collent régulièrement au fond des sièges.

Porsche Taycan Turbo : séduire et émotionner

A l’intérieur, Porsche n’a pas non plus fait les choses à moitié. En ouvrant la portière, « wah » est sans doute la réaction la plus naturelle qui soit. L’habitacle baigne dans une atmosphère très particulière, entre technologie et confort haut de gamme. Les écrans sont omniprésents et impressionnants. Du tableau de bord numérique incurvé, à l’immense console centrale tactile en passant par l’écran du passager sur la planche de bord ou celui pour les passagers arrière, toutes ces dalles numériques nous propulsent dans une dimension tout à fait inhabituelle. On ne sait presque plus où donner de la tête. Et c’est d’ailleurs le revers de la médaille puisque, si les informations au tableau de bord sont claires et facile à appréhender, l’usage des autres écrans est nettement moins aisé.

L’infotainment n’est pas aussi exceptionnel que l’on pourrait l’espérer et la logique de réglages de certaines commandes laisse parfois pantois. Autrement dit, il faut passer un certain temps avec le manuel d’utilisation et les menus de configurations pour s’approprier l’utilisation de l’infotainment. De la même façon, on peut toujours s’interroger sur la pertinence du réglage de la climatisation sur l’écran central tactile… C’est parfois laborieux et oblige toujours à détourner le regard de la route. Tout ceci n’est peut-être pas rédhibitoire mais entache nécessairement l’expérience de conduite au quotidien. Et cela peut être frustrant quand on voit les qualités de roulage de la voiture.

Tout simplement incomparable

Si vous comparez encore une Model S à 99 990 euros à une Taycan Turbo de 156 334 euros, sachez que c’est aussi pertinent que de s’évertuer à comparer une Tesla Model S à une Mercedes-Benz Classe S. Ou un plat de pâtes à la crème de truffe à un rizotto à la truffe. Ce n’est pas parce qu’il y a de la truffe dans les deux plats qu’on y trouve des apports gustatifs et énergétiques comparables.

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D’autant plus que, vraiment, Taycan et Model S n’ont absolument rien à voir. Au-delà du prix, ce sont deux univers radicalement différents et un acheteur potentiel n’aura absolument aucun doute sur son choix avant de signer le bon de commande. Si le dévolu du futur heureux propriétaire se porte sur la marque allemande, la seule difficulté sera de se décider à travers la centaine d’options et les différentes versions qui sont loin de simplifier la compréhension du véhicule.

Quoi qu’il en soit, Porsche vient de rassurer tous les anxieux sur la motorisation électrique. Et la marque en profite probablement pour réussir à attirer d’autres clients. Si les véhicules électriques ont de beaux jours devant eux avec le durcissement des règlementations environnementales, l’avenir de l’automobile sportive s’annonce peut-être encore plus radieux pour les amateurs de performance et de sensations.

Photos Porsche Taycan Turbo

Crédit photos : Romuald Terranova – Le Nouvel Automobiliste

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