Le Nouvel Automobiliste
Toyota Corolla Touring Sports HSD 122 ch

Essai Toyota Corolla Touring Sports 122 ch Dynamic : bonne à marier ?

Une fois n’est pas coutume, nous vous emmenons au pays du Kofola, des carottes râpées à l’ananas (oui…) et des brynzové halušky. Direction les Tatra afin de voir ce que notre voiture de location a dans le ventre : un moteur hybride de 122 ch en l’occurrence. Pour changer des voitures en définition haut de gamme que l’on nous sert habituellement lors des essais presse (à retrouver ici), nous avons le plaisir d’essayer une Toyota Corolla Touring Sports dans une version médiane. Petit moteur et second degré d’équipement sur les 4 proposés. Direction Banská Štiavnica et Demänovská Dolina pour voir ce que vaut le cœur de gamme de la nouvelle Corolla.

Toyota Corolla Dynamic ? Ca ressemble à une version Design !

Nous allons éluder dès à présent l’abus de langage du titre : ce n’est ni une Toyota Corolla Touring Sports Dynamic, ni une Design (degré d’équipement supérieur). C’est, vous l’aurez remarqué, une version slovaque proche de la Dynamic française mais ici pourvue du pack Style se singularisant notamment par les jolies jantes de 17 pouces, réservées dans l’Hexagone à la version Design. Vous suivez ? Autres spécificités par rapport à une Dynamic française, les sièges chauffants et les lave-projecteurs. Ceci étant posé, on va pouvoir détailler le véhicule.

La nouvelle Toyota Corolla jouit d’une ligne plutôt aguicheuse, surtout en break, assez élancé. Il faut dire qu’avec 4,65 m de long, il est parmi les plus grands du segment, affichant 7 cm de plus qu’une Peugeot 308 SW. Sa teinte Bronze Impérial métallisée (option 650 €) lui sied d’ailleurs plutôt bien tandis que les jolies jantes 17 pouces diamantées rehaussent le standing de la voiture. Avec une face avant assez agressive, une signature lumineuse recherchée, des volumes aux proportions réussies, on peut dire que Toyota a fait du bon travail pour rendre son break compact attirant. Autant le dernier RAV4 (essayé ici et ) est loin de m’avoir séduit esthétiquement, autant cette Corolla me paraît réussie. Il n’y a plus qu’à voir ce qu’elle vaut !

Touring Sports : bref, c’est un break familial

A bord, la nouvelle Corolla est accueillante, d’une certaine manière. J’insiste sur le fait qu’il faudra s’accommoder d’un univers intérieur tout en nuances de noir : planche de bord, moquette, sellerie mais aussi toute la garniture de pavillon. Heureusement que la surface vitrée est suffisamment généreuse… à l’avant. Les montants de pare-brise, assez fins, associés à une ceinture de caisse relativement basse sauvent la mise mais les passagers arrière devront composer avec la remontée de la surface vitrée, réduite et ici surteintée. Le toit ouvrant panoramique n’étant disponible qu’à partir de la finition Design, il faudra faire le deuil de la clarté. Je ne vous cache pas qu’à deux reprises au cours de l’essai, j’ai cherché une commande d’ouverture du toit. Les vieux réflexes sont persistants.

Mais la Corolla présente bien, tout milieu de gamme qu’elle est : la planche de bord présente un garnissage surpiqué donnant un peu de cachet à des plastiques parfois généreusement rembourrés sur les zones les plus exposées au regard (voire au toucher pour les grands tripoteurs de planches de bords). Pas de faute d’harmonie de grains, tandis que certains éléments comme la commande de boîte de vitesses, ou la console sont assez soignés. Finalement, le seul élément qui déçoit, c’est le système d’infodivertissement, encadré de boutons un peu négligés qui font « clic ». 

Alors parlons-en de cet infodivertissement : plutôt honnête en écoute radio (dépourvue de fonction DAB, ceci dit), il est associé à un affichage trop basique et manquant de grâce. Pas de défilement des textes, peu de recherche graphique, on s’attend vraiment à mieux dans une telle voiture. Le GPS n’offre rien de bluffant d’autant plus que le menu « Home » est incompatible avec la vue 3D de la carte. Se laisser guider par Waze ? Cela implique la lecture audio via l’USB (et donc de se passer de la radio pour privilégier le téléphone) et faute de réplication à l’écran de la Corolla, vous n’aurez que le bruit, pas l’odeur. Euh, l’image. Car Play et Android Auto vont très vite débarquer chez Toyota, soyez patients… En attendant, c’est un peu décevant, mais suffisant pour écouter Darina Rolincová, Elán ou Rytmus dans de bonnes conditions.

Ce qui ne déçoit pas en revanche, c’est l’architecture intérieure : entre la bonne ergonomie, les rangements nombreux et bien disposés (il manque toutefois une aumônière au dos du siège conducteur) ou l’habitabilité largement en phase avec ce que l’on attend d’un break de ce segment, la Corolla vise juste. Côté modularité, on peut rabattre les dossiers depuis le coffre, dont le volume atteint 598 litres, mais l’assise des sièges reste fixe et ne ménage pas de plancher plat. Une Peugeot 308 reste plus aboutie sur ce point avec 610 litres et un plancher plat. Les passagers de rang 2 jouissent de buses d’aération tandis que ceux de l’avant disposent de d’excellents sièges tant en maintien latéral qu’en confort et longueur d’assise, tandis que le dessin du dossier est sans reproche. On n’y trouve certes pas la souplesse de ceux d’une Citroën mais le confort au long cours est très bon. Alors en parlant de long cours, il est temps de quitter Bratislava pour rejoindre les Tatra.

Toyota Corolla Touring mais pas vraiment Sports

Et d’ailleurs est-ce vraiment ce que l’on demande à un break compact de milieu de gamme ? La réponse est non. Mais il faut bien flatter l’égo du prospect : outre un design aguicheur, il faut bien caser le mot « sport » quelque part pour vendre un peu de rêve. Demandez à la Renault Megane Sport Coupé, par ailleurs vendue en Slovaquie, qui n’est ni une voiture de sport, ni un coupé… Mais revenons à notre break Toyota, baptisé Corolla Touring Sports. Doté du moteur d’entrée de gamme (l’autre étant le 2,0 l hybride 180 ch en France), si l’on fait abstraction du 1,2 l 116 ch thermique distribué en Slovaquie mais inconnu chez nous, notre Corolla dispose ainsi du 1,8 l 122 ch. La gamme hexagonale n’étant faite que d’hybrides, c’est ce bloc, vu et revu sur la Prius ou le C-HR, qui fait office d’accès à la gamme Corolla.

Contact, le silence règne, à peine troublé lors des premiers mètres par un bruit de roulement faible, c’est toujours fort appréciable de circuler en hybride. Bien que de disposant d’une touche EV permettant de forcer la traction électrique, la voiture est vite rattrapée par sa mécanique : même en ayant le pied léger, le roulage en tout électrique ne permet d’aller doucement qu’à 60 km sur 2 à 3 km avant qu’une franche accélération ou que la distance ne contraigne le bloc thermique à se réveiller. Rien de bien méchant à l’usage, les habitués des hybrides apprécient déjà l’assistance du moteur électrique monté en série avec le 4 cylindres 1,8 l. Si le moteur 180 ch est associé à des palettes de changement de rapports (simulés, en raison d’une transmission à variation continue), notre version 122 ch se contente d’un mode B (pour Brake) optimisant le frein moteur, faute de pouvoir garder la main sur un supposé changement de rapport.

A l’usage, ce mode B se révèle indispensable car très appréciable au moindre ralentissement autoroutier, dans certaines conditions de roulage urbain ou lorsque le relief vous gratifie d’une descente. Soit exactement le terrain de jeu de notre voiture, qui s’extrait de Bratislava pour affronter quelques kilomètres d’autoroutes jusqu’aux Tatra, où les routes de montagne prennent le relai sur les derniers kilomètres venant à Banská Štiavnica , ville minière classée au patrimoine de l’Unesco. Routes sinueuses, relief, ville et autoroute : tout y passe et c’est sur ce dernier terrain que notre Corolla révèle sa première tare. En effet, si la voiture sait se montrer agréable et silencieuse en ville, les phases d’accélération se montrent nettement plus audibles. Trop pour être en phase avec la douce nature de la Corolla hybride. Un dépassement un peu franc aura tôt fait de la faire gueuler comme une poissonnière de Ménilmontant. D’ailleurs, c’est généralement l’insonorisation qui déçoit sur autoroute, entre les bruits de roulements, les remontées du moteur dans le tablier et surtout ces phases d’accélérations qui viennent troubler la quiétude. Dommage, car pour le reste, il faut bien avouer que la Toyota Corolla Touring Sports commet un quasi sans faute.

La tenue de route ? Très bonne, en considérant qu’il s’agit d’un break familial, bien entendu. Confortable, bien suspendue, dotée d’une direction plutôt réussie (qui ne se durcit toutefois pas en mode Sport), la voiture est difficile à prendre en défaut et ne souffre pas de son « sac à dos » sur le porte à faux arrière. Les petites routes et leurs virages à l’approche de Banská Štiavnica puis de Demänovská Dolina mettent en valeur ces qualités. La voiture est certes assez neutre mais certainement pas anesthésiée. On sait où on place les roues, et si le comportement reste sage, il n’en est pas moins efficace.

L’ergonomie du poste de conduite ? Bien conçue, si ce n’est des commandes de vitres électriques trop reculées (on cherche les LVE arrière à la place de ceux de l’avant). Les ADAS ? équipée de série d’un régulateur de vitesse actif (ACC) et des alertes de collision et de franchissement de ligne (pas de correction), elle fait un peu plus que le minimum attendu d’une finition intermédiaire. Enfin, les projecteurs LED éclairent plutôt bien pour une définition de base (les versions hautes peuvent disposer de projecteurs plus sophistiqués).

Quant à la consommation, si elle n’atteint pas les records de la Prius, elle sait se montrer raisonnable, voire apte à séduire des clients de Diesel, privés d’une mécanique sobre et faiblement émettrice en émissions nocives… en raison de la lutte contre la pollution. Ne cherchez pas de logique, contentez-vous de payer le prix de ces arbitrages, braves gens. Bref, bien que n’étant pas avantagée par sa mécanique en usage autoroutier, notre Corolla affichait une consommation inférieure à 6,9 l/100 km de moyenne, alors que votre serviteur, en bon punk de droite, s’était permis de ne pas toujours respecter les limitations de vitesse. Là où la Corolla reprend l’avantage, c’est sur les routes secondaires où son freinage récupératif et sa batterie font tomber la moyenne. Au final, une fois la voiture rendue après un grand retour autoroutier depuis Liptovský Mikuláš, la consommation s’est établie à 6,6 l/100 km. Très intéressant pour un break mené à vide mais sans ménagement sur autoroute et routes de montagne.

Toyota Corolla Touring Sports : en synthèse ? Une bonne synthèse.

Que la nouvelle Corolla soit une bonne voiture n’est en rien une surprise. Ce qui surprend, c’est de voir à quel point elle est hautement recommandable pour qui recherche une compacte. Une jolie ligne, une belle présentation à bord, une habitabilité et une ergonomie soignées, un bloc hybride très agréable et suffisamment performant, offrant une consommation fort raisonnable pour ne rien gâcher, une tenue de route exempte de tout reproche ainsi qu’un très bon confort de suspension et de sièges, la Toyota Corolla est vraiment bonne à marier. Et au final, seuls deux véritables reproches sont à lui adresser : un système d’infodivertissement un peu à la traîne et une insonorisation de la mécanique qui gagnerait à progresser pour annihiler les grognements du moteur lors des accélérations. Et si vous savez vivre avec ces deux défauts, la Corolla 122ch Touring Sports sera une proposition hautement recommandable. Et à mon avis, une meilleure voiture qu’une Peugeot 308 SW PureTech 130ch EAT8, pourtant très réussie. D’autant plus qu’en ces temps d’hystérie anti-Diesel, la Corolla se contente de peu de carburant.

Avec 22 années d’expériences dans l’hybridation et plus de 57 millions de Corolla vendues depuis la chute de l’Empire Austro-Hongrois, Toyota a su perfectionner sa formule pour réaliser une compacte hybride quasiment intouchable. Au bonheur des clients. Et ce, sans même avoir besoin de s’offrir une version haut de gamme : la version Dynamic s’offre à vous pour 29 400 € hors options (30 650 € avec peinture métallisée et aide au stationnement). A titre de comparaison, une Peugeot 308 SW Style PureTech 130 ch EAT8 est facturée 30 750 € mais la Ford Focus SW EcoBoost 125 ch BVA8 Titanium s’offre à vous dès 27 600 €. Quoi qu’il arrive, la Toyota aura l’avantage de l’hybridation sur ses rivales essence. Et si vos moyens le permettent, lorgnez sur une finition Design (à partir de 31 050 €) pour disposer du système Keyless de série, faisant vraiment défaut au niveau Dynamic. Vous pourrez en outre cocher l’option toit ouvrant panoramique (1 000 €) qui résoudra ce vilain manque de lumière à bord. Autant visiter les grottes de Demänovská Dolina pour fuir le soleil !

Quoi qu’il en soit, cette Corolla est une très bonne synthèse et un break de choix sur son segment. Bonne à marier, donc.

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