Le Nouvel Automobiliste
Essai Nissan Juke LNA Dumoulin (12)

Essai Nissan Juke N-Design DIG-T 117 ch BVM6 : crossover déridé et débridé

Il y a 10 ans, oui, 10 ans, sortait un petit engin étrange aux ailes bodybuildées et au faciès anticonformiste, le Nissan Juke. Et Nissan a eu raison d’oser l’audace stylistique puisque ce précurseur des SUV urbains a connu un beau succès, lui permettant de tenir une décennie sur le marché. Mais face à l’essoufflement des ventes provoqué par son vieillissement et par l’invasion de concurrents tous plus féroces les uns que les autres, son remplacement devenait urgent. Et son successeur, le voici ! Propose-t-il toujours une différentiation suffisante pour relancer la carrière de cette icône ? Ou à défaut, des améliorations effaçant les points faibles de son prédécesseur ?

Nouveau Nissan Juke : Plus de modernité, moins d’originalité

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Lorsque le Juke 1er du nom fut présenté, que ce soit dans sa version concept-car ou dans sa version de série (qui ne changeait pas fondamentalement) l’effet de surprise et l’engouement furent importants. La nouveauté était réelle, les formes inédites et le design osé que ce soit dans la forme générale ou dans les détails. Les phares à deux étages détonaient, quand ils sont presque la norme aujourd’hui (Citroën C3 et C4 Cactus, Hyundai Kona, Skoda Kamiq…). Les ailes très galbées et les surfaces vitrées réduites contribuaient également à faire du Juke une petite pépite de design.

Depuis, le temps a passé, le Juke a vieilli et sa recette a été largement imitée. Difficile de recréer la surprise et de chambouler une recette à succès avec une nouvelle mouture. C’est donc après une (trop) longue attente que Nissan a présenté une « V2 » moins impressionnante, à l’automne 2019, respectant les fondamentaux du design originel tout en les modernisant.

Les phares à double étage sont reconduits, mais les optiques principales arborent 3 branches dans leur dessin intérieur tandis que les feux de jour à LED en partie supérieur s’inclinent à l’horizontale. La calandre séparant ces deux niveaux de phares se rétrécit en largeur mais plonge désormais vers le sol, encadrée par un généreux jonc chromé.

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Le profil semble moins ramassé, et ce pour plusieurs raisons. La première, un allongement de l’auto de 7 cm, et un accroissement de l’empattement de 10 cm, pour atteindre des valeurs respectives de 4,21 m et 2,63 m. La seconde, les nervures des passages de roues sont moins marquées et donc l’aspect ramassé de l’engin un peu amoindri. Et enfin, le toit noir de notre modèle finit « d’aplatir » visuellement ce nouveau Juke. À noter, les poignées arrière sont toujours dissimulées dans le montant de porte.

À l’arrière également, le style s’assagit, avec des feux plus conventionnels semblables à ceux d’un Qashqai, dont les arêtes donnent un côté anguleux et bien horizontal quand l’arrière-train de la précédente mouture affichait ses galbes sans complexe.

En bref, les changements sont nombreux et visibles, le Juke affiche une modernité bien dans l’ère du temps, mais semble quelque peu rentrer dans le rang, surtout face à ses concurrents tout juste renouvelés : l’agressif Peugeot 2008, le séduisant Ford Puma, le mature Renault Captur, pour ne citer qu’eux…

À bord du nouveau Nissan Juke, fini de jouer !

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À l’intérieur, le premier Juke savait également se démarquer de tout ce qui existait, grâce à la pièce maîtresse de son habitacle : le tunnel de levier de vitesse façon réservoir de moto, de teinte aussi brillante que voyante. En montant dans cette version 2020, nous sommes un peu déçus de n’en pas retrouver le gimmick. Tout juste est-il rappelé par un décor noir laqué, orné d’un cerclage illuminé. En contrepartie, tout cela gagne en sérieux. Les matériaux semblent de meilleure facture, assemblés avec rigueur et l’ergonomie classique et efficace.

Plus quelconque mais plus valorisant que le précédent, l’habitacle du Juke propose une jolie sellerie davantage sophistiquée et notamment, un équipement déjà vu sur la Nissan Micra. Cela se passe dans les appuie-tête avant, où sont implantés des haut-parleurs du système audio Bose, évidemment absent sur les versions basses.

Puisque nous sommes dans le multimédia, parlons également de l’interface occupant la place centrale de ce tableau de bord. Sans être le système aux graphismes les plus époustouflants (euphémisme), la tablette fait le travail sans trop de problème d’ergonomie ou de rapidité. Nous avons apprécié les boutons de raccourcis sous l’écran, plus pratiques que de devoir passer par le menu principal. Quant au tableau de bord numérique situé entre les deux compteurs de vitesse et de compte-tours, il se montre un peu trop incliné mais simple d’utilisation avec une navigation intuitive proposant tout de même beaucoup de sous-menus.

On note dès l’entrée dans le véhicule la présence d’une « marche », qu’il se doit d’enjamber pour atteindre le plancher du véhicule en contrebas, un peu comme sur le DS 3 Crossback. Pour autant, cela nous a peu souvent gêné en entrant et en sortant. À l’arrière, le premier Nissan Juke ne brillait pas par son sens de l’accueil. Si la faible luminosité gênera toujours les claustrophobes, l’espace aux jambes est dorénavant plus important grâce à l’accroissement de l’empattement. Espace aux jambes qui, selon la position des passagers avant et pour le peu qu’ils ne mesurent pas 1,90m, ne devrait pas poser problème à des adultes.

Dans le coffre, l’aspect pratique a été considéré puisque Nissan propose un double fond, pratique pour charger facilement et surtout décharger, sans être gêné par une bordure, ou optimiser le volume en descendant le plancher au plus bas. Le volume atteint 422 L, une valeur loin d’être ridicule à comparer aux 251 L de la génération précédente.

Joujou Juke

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Le Nissan Juke de première génération a montré dès le début de sa carrière qu’il avait des prétentions dynamiques, voire sportives. Ainsi au lancement, il était proposé avec un moteur essence 1.6 d’une puissance étonnante de 190 ch. Il fut même décliné en Nismo (Nissan-Motorsport) de 200ch et en Juke-R (V6 3.8 développant… 600 ch !) !

Cette nouvelle génération culmine toutefois à seulement 117 ch… Mais la conduite n’inspire pas l’ennui pour autant. Du moins cela dépend du mode de conduite que vous aurez sélectionné grâce à la gâchette située devant le levier de vitesse. En mode Éco, le Nissan Juke est tout ce qu’il y a de plus bridé, pas amorphe mais pas loin. On privilégiera ce mode pour les passages en ville encombrée. Il permet toutefois d’apprécier la discrétion remarquable du moteur. Les deux autres modes de conduite, Normal et Sport, offrent un caractère sensiblement plus marqué.

En mode Normal, activé par défaut, le pep’s commence à se faire sentir. Mais il faut insister sur la pédale de droite pour profiter de la puissance du 3 cylindres. Et malheureusement, en appuyant sur l’accélérateur, le temps de réponse suivi d’un coup de pied aux fesses laisse parfois perplexe. Rien de bien méchant, mais le compromis économie / dynamisme aurait pu être un peu moins tranché.

Autre petit grief sans gravité, le silence du moteur peut engendrer quelques ratés au redémarrage pour ceux qui conduisent à l’oreille. L’absence de vibration plus un verrouillage de la 1è vitesse parfois hésitant, le levier étant enclenché dans la 3è par inadvertance, et on se retrouve à caler au feu vert. Oups.

Alors on passera en mode Sport, et on profitera alors de l’excellent niveau dynamique de l’ensemble, sans barrière. L’accélération se fait plus franche et on peut compter les canassons un par un, la direction déjà agréable se raffermit pour offrir un toucher beaucoup plus direct, et le châssis révèle toute sa rigueur. Le Juke n’en est pas un SUV sportif pour autant, le freinage assez tendre nous le rappelle. Tout comme les suspensions, qui offrent un niveau de confort tout à fait satisfaisant, même si les pneus taille basse et les jantes 19 pouces de notre version engendrent des trépidations et claquement sur les raccords de chaussée à haute vitesse. Mais en ville, son terrain de prédilection a priori, vous n’aurez pas à vous plaindre ! 

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Nous avons mis un point d’honneur à vérifier les aptitudes dynamiques du « crossover coupé » de Nissan. Cela s’est payé à la pompe… Durant notre essai, principalement urbain et avec un peu de voie rapide, la consommation au tableau de bord a oscillé entre 6,3 litres/ 100 km pour notre trajet en conduite la plus coulée et 10l/100 km pour la plus musclée, le plus souvent avec une moyenne vers les 8l/100 km. En roulant « normalement », on imagine pouvoir établir aisément une moyenne de 7l/100 km environ.

Équipements du Nissan Juke N-Design : concentré de technologie

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La petite icône bleue symbolise la technologie de conduite semi-autonome de Nissan, le Pro- Pilot

La gamme Juke ne propose qu’un seul moteur, mais se décline en pas moins de 5 finitions. En bas de l’échelle, l’entrée de gamme Visia, à jantes acier 16 » et autoradio CD ; Acenta, ensuite, qui dispose quant à elle d’un équipement décent comprenant un écran tactile 8 » et des jantes alliage 17 » ; N-Connecta, qui ajoute la clim automatique, le système de démarrage et d’entrée sans clé, les radars de recul et enfin le combiné d’instrumentation 7 » ; le haut de gamme Tekna ajoutant les radars avant, le Drive Assist, la sono Bose et la vision à 360°. Et enfin notre version N-Design, qui chapeaute le tout et , à première vue, n’offre pas grand chose de plus. À première vue…

Sur cette finition N-Design, il est conseillé d’opter pour le Pack Techno qui, contre 1 500 €, propose un équipement des plus riches. On retrouve ainsi le système audio Bose Personal Plus (de série sur Tekna, pour rappel), avec ses 8 haut-parleurs dont 2 haut-parleurs intégrés aux appuis-tête avant, le régulateur de vitesse intelligent, la vision Intelligente à 360° , le système de détection de fatigue, la surveillance des angles morts, l’alerte anticollision arrière avec détection des objets en mouvement, et le Drive Assist. Ce pack transforme le Juke en vraie petite routière, ses technologies de conduite semi-autonome (avec l’aide au maintien dans la voie de série) étant très convaincantes.

Sans opter pour ce pack, le niveau d’équipement est tout de même honorable. On trouve les feux de route adaptatifs, la prévention de franchissement de ligne, l’application Nissan Connect, 6 haut-parleurs, la sélection du mode de conduite, les sièges avant chauffants et la technologie LED dans tous les phares et feux.

L’intérêt de cette version N-Design vis-à-vis d’une Tekna réside dans les possibilités de personnalisation plus importantes et dans l’attention portée au style, pas négligeable pour un modèle « fashion ». Ainsi la sellerie spécifique s’associe aux accoudoirs et tableau de bord. Noir sur notre version, le pack de personnalisation peut aussi être blanc ou orange. Le toit peut recevoir une couleur personnalisée (rouge ou gris argent par exemple) qu’arboreront aussi les inserts de pare-chocs et de bas de caisse.

Prix Nissan Juke : au coeur de la bataille

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Nissan Juke à partir de 19 990 euros.

Modèle essayé : Nissan Juke 1.3 DIG-T 117 ch BVM6 à 26 140 € hors option, soit 28 740 € incluant les options :

  • Peinture Métallisée Bleu Topaze à 850 €
  • Jantes alliage 19 » Akari à 400 €
  • Pack Techno à 1 500 €
  • Nissan Connect à 500 €

Concurrence :

Le segment des SUV urbains est bien animé en ce moment, que ce soit par le nombre de modèles proposés ou par le lancement de nouveaux venus (Ford Puma, entre autres) ou le renouvellement de ténors de la catégorie (Peugeot 2008, Renault Captur). Le Juke a donc choisi le bon moment pour se renouveler et son niveau d’équipement le rend tout à fait crédible face aux meilleurs. Cela se paye, puisqu’en boîte automatique il pourra franchir la barre des 30 000 €, mais notre modèle toutes options reste dans la norme vis-à-vis de ses concurrents.

  • Peugeot 2008 GT-Line 1.2 PureTech 130 ch BMV à partir de 27 600 €
  • Renault Captur Intens TCE 130 ch BVM à partir de 24 600 € (28 300 € à équipement équivalent)
  • Citroën C3 Aircross Shine 1.2 PureTech 110 ch à partir de 22 400 € (24 450 avec options)
  • Ford Puma ST-Line x 1.0 EcoBoost 125ch MHEV à partir de 26 900 € (28 575 € avec options)
  • Volkswagen T-Roc Lounge 1.0 TSi 115 ch à partir de 25 860 € (28 515 € avec options)

Le Juke a changé, c’est indéniable. Si cette nouvelle mouture ne renouvelle pas l’effet « WAHOU » de la première génération, elle garde un design fort et mûr, désormais dans la tendance stylistique quand son prédécesseur jouait les trublions. Le petit crossover n’a pas qu’un physique et réussit sa mise à jour au niveau des qualités dynamiques le rendant capable de rivaliser avec les Peugeot 2008 et Ford Puma, qui excellent en la matière. Des qualités vendues au prix juste, d’autant que son équipement technologique n’est pas en reste et soutient la comparaison avec celui de ses grands frères Qashqai et X-Trail. Vivement que ces derniers soient remplacés également, et souhaitons leur une mutation aussi convaincante que celle du SUV urbain !

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