Le Nouvel Automobiliste
Renault Grand Scénic Initiale TCe 160 EDC Bleu Cosmos

Essai Renault Grand Scenic 1,3 l TCe 160 EDC7 Initiale Paris : que reste-t-il aux SUV ?

Mais oui, que reste-t-il aux SUV ? Enfin, mis à part le fait qu’ils sont à la mode, qu’ils s’arrogent d’importantes de parts de marché partout dans le monde, que la croissance de ce segment est encore partie pour durer et qu’ils semblent être le compromis idéal pour la clientèle ? Mis à part ça, que reste-t-il aux SUV, je vous le demande ? La parole est aux monospaces et pas n’importe lequel : phénomène de société à la fin des années 90, incontournable dans les années 2000, le Scénic, né Mégane Scénic se voit attaqué de toutes parts. Autrefois par la concurrence d’autres monospaces compacts, désormais par une horde de SUV japonais, coréens, européens et même en interne par le Renault Kadjar. Alors pour mieux résister, le monospace compact du Losange s’offre un bloc essence décliné en 2 niveaux de puissance : mieux que le dCi ? C’est parti pour l’essai au long cours du Renault Grand Scenic 1,3 l TCe 160 ch EDC7 en finition Initiale Paris qui vient coiffer la gamme essence du petit frère de l’Espace. Tremblez, SUV, tremblez Diesel ? C’est ce que nous allons voir.

Que reste-t-il des monospaces ?

Autrefois modèles phares des constructeurs, les monospaces compacts ont connu un démarrage en fanfare avec l’arrivée de la Mégane Scénic en 1996 : seul sur le marché, une usine qui saturait des tarifs rapidement revus à la hausse, rien n’arrêtait le succès du modèle.

Pas même l’arrivée des concurrents à partir de 1998 : Multipla, Zafira, Xsara Picasso puis C4 Picasso, Almera Tino, Corolla Verso, Focus C-Max, Touran, Golf +, Premacy, Mazda5, Grandis, Altea, Carens, Matrix : plutôt que de mettre à mal les volumes de ventes de Renault, les concurrents ont fait grossir un segment de marché que rien ne semblait arrêter. Jusqu’à ce que la clientèle découvre une alternative : si les Nissan X-Trail et Toyota Rav4 commençaient déjà à démontrer que les SUV plaisaient, l’arrivée du crossover Qashqai a bouleversé le segment C. Rapidement suivi par le Peugeot 3008 puis par quasiment tout le monde, le japonais et ses rivaux ont phagocyté une bonne partie des ventes sur le marché.

Renault Grand Scénic Initiale TCe 160 EDC Bleu Cosmos

Tant pis pour l’habitabilité et la modularité moins importantes, le client avait l’essentiel en termes d’espace ou de position de conduite et surtout, un look de baroudeur qui sortait de l’imaginaire peu hédoniste collant aux monospaces. Aujourd’hui, seuls subsistent sur le segment (et pour combien de temps ?) VW avec un Touran dont le renouvellement n’est pas acquis, BMW et son Active Tourer fâché avec le design (mais bientôt remplacé !), Kia et son Carens, Mercedes et son nouveau Classe B (essayé ici), et surtout Citroën avec le C4 SpaceTourer, l’homme ou plutôt la voiture à abattre sur le segment si le Scenic veut être leader. Citroën ayant placé la barre haute, notre monospace au Losange est attendu au tournant. Particulièrement s’il tient à survivre à la vague SUV qui le dévore : le Kadjar (essayé ici en 140 ch et là en 160 ch)s’en chargeant déjà en interne, les 3008, 5008, Qashqai et Tiguan faisant le reste. En 2019, être monospace est moins facile que d’être une femme libérée, qu’on se le dise.

Et pourtant, il a de l’allure ce Grand Scenic. Et même beaucoup à mon goût : fort d’une ligne élancée, dynamique et élégante, il s’inscrit plus que jamais en petit frère de l’Espace puisque Renault a enfin doté son monospace compact d’un pare-brise en 3 parties avec de fins montants dont Citroën ne s’était pas privé sur ses C3 et C4 Picasso ! Oubliée la ligne un peu décevante du Scenic III, le quatrième opus est fièrement posé sur d’imposantes roues de 20 pouces quelle que soit la motorisation ou la finition. Même l’Espace ou le Koleos n’ont pas droit à tant d’égards. Le côté de caisse est valorisé par d’habiles galbes tandis que la découpe du vitrage dynamise fortement la ligne, au détriment de la surface vitrée, il faut l’admettre. Quoi qu’il en soit, dans cette très belle livrée Bleu Cosmos et toit noir, le Renault Grand Scenic en jette.

D’autant plus que nous sommes en présence de la version Initiale. Qui, contrairement à ce que pensait mon père, ne constitue pas l’entrée de gamme, l’Initiale étant le degré final d’équipement. Bref, nous sommes devant la crème de la crème des Scenic. Autrement dit, en patois de Seine-Saint-Denis, notre version haut de gamme pourrait être qualifiée de Suprême Scenic Ta Mère. Et avec un très joli intérieur en camaïeu de gris pour les sièges (avec embossage « Initiale »), une planche de bord surpiquée et un garnissage Nappa de la sellerie, toutefois relayé par du simili sur les accoudoirs et certains empiècements ainsi que le rang 3 qui n’est pas décliné en camaïeu. A contrario, l’option cuir Nappa biton du Citroën C4 SpaceTourer revêt la totalité de la surface des sièges et des accoudoirs, de même que le rang 3 dispose d’un traitement similaire au reste, si vous tenez à disposer d’un garnissage vraiment luxueux. Revenons à notre Renault Grand Scenic, qui se distingue également en finition Initiale avec sa calandre spécifique, ses joncs chromés en bas de caisse marqués de son nom ainsi que les jantes propres à cette finition et inspirés de celles de l’Espace éponyme.

Disponible à partir de 29 400 € en finition Zen TCe 140 ch BVM6, notre Grand Scenic Initiale est ici doté de la nouvelle motorisation 1,3 l TCe 160 ch EDC7 et des options toit vitré (700 €), peinture biton bleu Cosmos (650 €) et 7 places (900 €) ; il culmine à 42 050 € (options incluses).

Que reste-t-il à l’Espace ?

Euh… de l’espace, justement ? Ca ne saute pas vraiment aux yeux lorsqu’on entre à bord du Grand Scénic : non pas que ce dernier ait fait un bond significatif en la matière, non. C’est plutôt l’Espace qui a sérieusement régressé sur ce point : avec une garde au toit au rang 2 plutôt limitée et un rang 3 à peine plus spacieux que celui d’un Citroën Grand C4 SpaceTourer, l’Espace tourne le dos à 4 générations de véhicules attachés à l’habitabilité. De quoi lui préférer aveuglément son petit frère ? Pas si vite : le Scenic aussi a droit à son lot de renoncements pour cette nouvelle génération. Exit les sièges individuels, place à une banquette 2/3-1/3 coulissante dotée d’une fonction de rabattement depuis le coffre ou l’écran multimédia. Dans l’absolu, ça peut faire l’affaire au quotidien… jusqu’au moment où l’on souhaite accéder au rang 3. Le tiers de banquette se situe à gauche, côté rue. Pas très pratique.

Oubliez également l’idée d’avancer le siège central pour dégager de la largeur aux épaules, prévoyez un peu de poigne pour soulever les 2/3 de banquette en cas d’accès par la droite et gardez à l’esprit qu’il n’y a pas de fixation Isofix au centre de la banquette… Ca commence à faire pas mal de tares face à un Citroën C4 SpaceTourer, ses 3 Isofix en rang 2 et ses sièges individuels coulissants, facilitant l’accès au rang 3. Si le choix architectural du Scenic semble suffisant en version courte, il est très questionnable en version longue, dotée ici des 7 places optionnelles. Alors, parlons-en de ces places : elles serviront sans surprise sur de courts trajets et en particulier pour les enfants. Encore une fois, si le rang 3 a de l’importance pour vous, lorgnez plutôt vers Citroën, le C4 SpaceTourer étant un peu plus habitable et doté d’un pulseur d’air en rang 3 sur les finitions Shine et Shine Pack (indisponible chez Renault).

Mais voilà, le Scenic n’a pas dit son dernier mot, et pour la première fois, il se dote du pare-brise en 3 parties qui fait le bonheur de l’Espace… et de son concurrent des Chevrons. Le poste de conduite monte sérieusement en gamme avec cette nouvelle génération, abandonne l’instrumentation centrale, rompt l’horizontalité de sa planche par un grand totem vertical accueillant l’écran multimédia du R-Link jusqu’au pied de levier de vitesses. Moderne, plutôt réussi, il reprend à son compte le thème intérieur de l’Espace. On regrettera juste le graphisme du combiné personnalisable : il manque de finesse et aucun des 3 thèmes ne fait vraiment moderne ou original. Il est possible de les décliner en 5 couleurs. A la limite, on aurait préféré moins de choix mais plus de recherche dans l’esthétique. L’ergonomie, en revanche est bonne, les commandes de clim ayant même le bon goût de conserver des boutons physiques… sans vouloir être désobligeant envers le C4 SpaceTourer. On profitera aussi d’un agréable affichage tête hause sur une lame de plexiglas.

L’autre item sur lequel le Scenic prend l’ascendant sur son rival de Citroën, c’est justement l’infotainment : le grand écran vertical présente de beaux graphismes, des transitions réussies et permet de mixer plusieurs informations. Les commandes vocales fonctionnement mieux que chez Citroën mais nettement moins bien que chez Ford. Le hic ? L’ergonomie, pardi ! Renault se perd dans les menus et sous-menus pour certaines fonctions. Vous voulez masser votre séant ? Ce ne sont pas moins de 5 clics sur l’écran qu’il faudra acquitter afin d’activer la fonction. En utilisant la touche « massage » des sièges avant, vous économiserez 2 clics. Sur le C4 SpaceTourer, il suffit juste d’appuyer une fois sur la touche massage des sièges… Bref, c’est un exemple parmi d’autres mais Renault peut encore faire progresser l’ergonomie du R-Link, beau, fluide, mais pas toujours accessible.

Au fait on parlait de renoncements ? Renault a commis un crime de lèse-majesté sur cette génération de Scenic : le toit ouvrant panoramique n’est plus disponible. Seul un toit vitré fixe est proposé en option, et curieusement, se trouve moins bien emplanté que le toit ouvrant de l’Espace.

La Renault se rattrape autant que possible avec des sièges confortables (dotés de nez d’assises réglables, d’appuie-tête confort et de massage, donc), une commande de radio sous le volant toujours au top, une fonction d’accueil des sièges électriques (conducteur comme passager) et d’une foultitude de rangements sous le plancher, dans le grand accoudoir coulissant -et un peu envahissant en position reculée- ou la grande boîte à gants tiroir : le Scenic dispose de plus de rangements qu’il n’existe d’artistes de droite.

Eh oui, les SUV, aussi attirants soient-ils aux yeux de la clientèle, sont loin de regorger de tant d’aspects pratiques. Une esthétique loin de sombrer dans le cliché des monospaces placides et une vie à bord plus soignée que sur un SUV… Reste le verdict de la route pour voir ce que le Grand Scenic a dans le ventre.

Que reste-t-il au Diesel ?

Mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu, aurait dit le Suprême ? Peut-être d’avoir une nouvelle motorisation à allumage commandé, j’imagine. Dont acte : le nouveau bloc 1,3 l TCe équipe désormais la gamme Scenic en deux niveaux de puissance, 140 et 160 ch. C’est donc avec la déclinaison 160 ch que nous découvrons ce Grand Scénic. Alors que le Diesel est désormais à peu près aussi mal vu qu’un résistant sous Vichy, cette motorisation essence pourrait être la bonne alternative.

Doté d’un couple de 260 Nm à 1750 tr/min, le moteur n’a certes rien de sportif mais fait le job sans se montrer trop creux : on a finalement une sensation pas très éloignée d’un 1,6 l de chez PSA, ce qui est plutôt bien compte tenu de la cylindrée mais toujours trop peu quand on a l’habitude d’un 2,0 l… Côté consommation, en usage mixte, il est facile de tenir une moyenne à 7,6 l. Quant à la transmission à double embrayage EDC à 7 vitesses, elle égraine très bien ses rapports, se montre douce et réactive bien qu’en léger retrait face à la boîte auto 8 vitesses Aisin que l’on trouve chez PSA. Le confort acoustique comme vibratoire est bon mais le moteur révèle un caractère plus intéressant en mode sport une fois que l’on s’est débarrassé de ses passagers et qu’on a envie d’un peu plus de dynamisme.

D’ailleurs on y vient : le châssis est certes neutre mais sans reproche avec un amortissement bien filtré en dépit des grandes roues de 20 pouces, la direction propose plusieurs lois d’assistances (le mode le plus ferme est celui qui lui va le mieux) et se montre bien paramétrée, comme quoi même Renault a fini par y arriver ! Certes, on est très loin de l’excellence d’une Alfa Romeo Giulia, mais on est dans le domaine du « très acceptable ». Ceux qui ont connu le précédent Scénic apprécieront le progrès, ceux qui ont un C4 SpaceTourer ne seront pas impressionnés. En tous cas, le Renault Grand Scenic est devenu plaisant et au diapason de la concurrence sur ce point. A l’image de la Mégane IV sur son segment.

Du côté des ADAS, cette version haute se dote de tout ce qu’il est possible d’avoir sur un Scenic : surveillance des angles morts, détection de franchissement de ligne avec correction dans le volant (la voiture joue au ping-pong entre les lignes mais ne sait pas rester seule au milieu de sa file, cependant), régulateur de vitesse adaptatif mais pas le freinage automatique jusqu’à l’arrêt complet : sous les 30 km/h, vous devrez reprendre la main après qu’un trop discret bip vous rappelle qu’il ne s’agit pas d’une voiture autonome. S’agissant d’une version automatique, c’est dommage que la voiture ne puisse pas gérer l’arrêt complet… d’autant plus qu’une Clio en est désormais capable ! On peut enfin regretter l’absence de caméra 360 degrés alors que le cousin Nissan propose massivement un tel équipement… tout comme son rival de chez Citroën (en option).

Que reste-t-il aux SUV ?

Objectivement ? Un Kadjar n’est pas aussi ergonomique, aussi spacieux, aussi lumineux, aussi modulable et aussi moderne esthétiquement. Pourquoi diable lorgner vers un SUV quand le monospace le bat dans tous les domaines ? Le Renault Grand Scenic prouve que le monospace reste une proposition très intéressante sur le marché et que l’on aurait tort de le pas y penser… surtout quand on voit les remises pratiquées par Renault sur ce modèle injustement boudé par les acheteurs ! Le moteur 1,3 l TCe 160 ch est par ailleurs une bonne alternative au Diesel sur le plan de l’agrément sans pouvoir égaler le couple ou la consommation d’un dCi équivalent. Il vous évitera au moins certaines interdictions de circulations de nos amis khmers verts progressistes et inclusifs, à défaut de rejeter moins de CO2 et de brûler moins de carburant.

Mais si le Grand Scénic est une bonne alternative aux SUV, il commet quelques erreurs pour un monospace :  sa modularité très inférieure à celle du Citroën Grand C4 SpaceTourer risque de rebuter les clients qui ont besoin de profiter d’un bon accès au rang 3 ou qui veulent placer un siège enfant à leur guise. Sur le fond, le Citroën Grand C4 SpaceTourer PureTech 180 ch aurait été une meilleure alternative… mais il n’a été commercialisé que durant 4 mois (!) l’an passé, avant que le mix CO2 de PSA n’en décide autrement. Du coup, il faut vous rabattre sur la motorisation 130 ch EAT8 (40 550 € à équipements et options équivalents). A vous de voir en fonction de votre priorité : puissance ou vie à bord. Dans tous les cas, il n’y aura pas de toit ouvrant et c’est mal. Très mal. Mais vous aurez évité de vous ruiner dans un SUV comme tout le monde. Soyez punk, nom de D.ieu ! Et puis franchement, si vous achetez un SUV pour avoir un véhicule qui a de l’allure et de grosses roues, le Scenic fait très bien le job avec ses jantes de 20’’ de série !

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